Winston Churchill: Discours à la jeunesse universitaire

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Discours de Churchill (Zurich, 19 septembre 1946)

Il nous faut édifier une sorte d’Etats-Unis d’Europe. Ce n’est qu’ainsi que des centaines de millions d’êtres humains auront la possibilité de s’accorder ces petites joies et ces espoirs qui font que la vie vaut la peine d’être vécue. On peut y arriver d’une manière fort simple. […]
Il y a eu aussi cette organisation colossale de doctrine et de procédure, qui fut créée après la première guerre et à laquelle s’attachèrent tant d’espoirs, je veux parler de la Société des Nations. Si la S. d. N. n’a pas connu le succès, ce n’est pas parce que ses principes firent défaut, mais bien du fait que les Etats qui l’avaient fondée ont renoncé à ces principes. […]
Et pourquoi n’y aurait-il pas un groupement européen qui donnerait à des peuples éloignés l’un de l’autre le sentiment d’un patriotisme plus large et d’une sorte de nationalité commune ? Et pourquoi un groupement européen ne devrait-il pas occuper la place qui lui revient au milieu des autres grands groupements et contribuer à diriger la barque de l’humanité ?
Afin de pouvoir atteindre ce but, il faut que les millions de familles collaborent sciemment et soient animées de la foi nécessaire, quelle que puisse être la langue de leurs pères. […]
J’en viens maintenant à une déclaration qui va vous étonner. Le premier pas vers la création de la famille européenne doit consister à faire de la France et de l’Allemagne des partenaires. Seul, ce moyen peut permettre à la France de reprendre la conduite de l’Europe. On ne peut pas s’imaginer une renaissance de l’Europe sans une France intellectuellement grande et une Allemagne intellectuellement grande.
Si l’on veut mener à bien sincèrement l’œuvre de construction des Etats-Unis d’Europe, leur structure devra être conçue de telle sorte que la puissance matérielle de chaque Etat ne jouera plus qu’un rôle secondaire. Les petits Etats compteront autant que les grands et s’assureront le respect par leur contribution à la cause commune. Il se peut que les anciens Etats et les principautés de l’Allemagne, réunis dans un système fédératif avec leur accord réciproque, viennent occuper leur place dans les rangs des Etats Unis d’Europe. […]

Traduction tirée de : Max Buchenheim (dir.) : Arbeitsmaterial zur Gegenwartskunde, Hermann Schroedel Verlag, Hannover-Berlin-Dortmund 19641

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1 La traduction française est essentiellement tirée de l’ouvrage : CHURCHILL, Winston S.; MARSHALL, George C. Points de repère. Lausanne: Centre de recherches européennes, 1973, p. 7-12. © Fondation Jean Monnet pour l'Europe et Centre de recherches européennes, Lausanne. La version française a été légèrement remaniée, c’est-à-dire adaptée à la version allemande utilisée dans le manuel scolaire, là où les deux traductions présentaient des divergences.