Conférence de paix de Münster 1648

Kommentar

Le manuel scolaire traite la période allant de la Réforme dans la première moitié du XVIe siècle au siècle des Lumières ou au Congrès de Vienne en 1815. Il est divisé en cinq grands volets. La guerre de Trente Ans (1618-1648) est abordée à la fin du second volet consacré à la Contre-Réforme. Le sous-chapitre « La Paix de Westphalie ou la Paix d’Osnabrück et de Münster » clôt la présentation. Le fragment du tableau historique de petit format de Gerard Ter Borch (1617-1681), connu sous le nom de « La Ratification du Traité de Münster », est inséré sans aucun commentaire sur une demi-page dans le texte d’auteur. Le texte résume les principales résolutions de la conférence de paix et leur portée, en commençant par celles concernant l’Europe. Il est complété par une carte politique de l’Europe de 1648. Le manuel tout entier se caractérise par un pourcentage inhabituellement élevé d’illustrations et de graphiques, qui accompagnent presque chaque page.

Le tableau représente les délégués des Pays-Bas et d’Espagne, groupés autour d’une table, signant la paix séparée lors de la cérémonie du serment dans l’Hôtel de Ville de Münster, le 15 mai 1648. Le peintre s’est représenté lui-même dans cette scène, à gauche de la composition. Le tableau ne comporte pas de figure centrale : la foule des personnes semble fusionner autour de l’idée d’unité et de tolérance. La liberté politique, l’indépendance de la République des Pays-Bas, sont au contraire à peine esquissées. L’impression qui se dégage du tableau est plutôt européenne que nationale. Rien ne permet d’indiquer que ce tableau était un travail de commande ; l’œuvre est restée en possession de la famille du vivant de l’artiste.

Cette conférence de paix, qui s’est échelonnée sur cinq ans, a été la première à rassembler presque toutes les grandes nations européennes. Elle a servi de modèle à d’autres conférences de paix jusqu’à la Révolution française. Le texte du manuel qui accompagne l’illustration souligne le message de portée internationale du tableau. Il renvoie très brièvement à l’importance cruciale de « l’émergence de la nation hollandaise » en tant que « l’un des centres politiques [et culturels] de l’Europe ». Le développement de cette province, qui a appartenu au Saint-Empire romain germanique jusqu’à la Paix de Westphalie, est particulièrement mis en relief par les auteurs du manuel par rapport aux autres régions du sud des Pays-Bas.Mais la Paix de Westphalie est avant tout considérée comme l’avènement d’un ordre nouveau : l’impérialisme universel fait place au concert européen des puissances. Cet énoncé rentre dans le discours général du manuel scolaire, dans lequel l’Occident est vu du point de vue culturel et religieux comme une universitas christiana. L’Europe n’est donc pas représentée uniquement comme une idée politique, mais aussi comme une communauté de mémoire et de valeurs. Les directeurs de publication emploient dans le titre le terme d’Occident, qu’ils politisent et mettent explicitement en relation avec le système d’États européen.

Ewa Anklam
Traduction : Isabelle Quillévéré-Eberle

Bibliographie:

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http://historywallcharts.eu/view/peace-of-mnster-1648 (Wall charts, history and European identity)